Au printemps 2022, Arnaud posait les bases d’un projet qui germait depuis un moment dans son esprit : et si L’Autre Thé faisait pousser son propre thé, à sa façon… en France ? Nos 2000 premiers théiers ont été plantés en mai dernier, mais pour...
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Notre plantation de thé en France !
Au printemps 2022, Arnaud posait les bases d’un projet qui germait depuis un moment dans son esprit : et si L’Autre Thé faisait pousser son propre thé, à sa façon… en France ? Nos 2000 premiers théiers ont été plantés en mai dernier, mais pour goûter, il faudra être patient : la première récolte est espérée pour 2024...
Le thé… ça peut pousser en France ?
Longtemps, on a cru la culture du thé impossible sous nos latitudes. Des essais avaient été menés dès le XIXe siècle en Europe et dans les territoires d’outre-mer, sans grand succès. A la fin du XXe siècle, une poignée de pionniers ont de nouveau tenté l’aventure du thé en France, et, forts de meilleures connaissances sur les besoins de la plante, sont parvenus à la faire pousser durablement. On trouve aujourd’hui des jardins de thé, à la production certes assez confidentielle, notamment en Bretagne, dans les Cévennes, les Hautes Pyrénées, mais aussi sur l’île de La Réunion.
Pourquoi avoir choisi la Bretagne ?
C’est une région dont le climat et la topographie se prêtent plutôt bien à la culture du thé : le climat est humide sans être trop nuageux, les nuits sont fraîches, le vent régulier... L’amplitude des températures y est plutôt modérée (le thé se plaît entre -5°C et 30°C), avec des variations fréquentes (le théier apprécie les contrastes à l’intérieur de cette fourchette, par exemple avec une nuit fraîche à la suite d’une journée lumineuse). La parcelle que nous avons investie, dans le Morbihan, est dotée d’un sol acide, idéal pour le thé, et offre des coteaux au cœur desquels coule une rivière : parfait pour garder un sol bien drainé mais néanmoins pas trop sec. Et puis la Bretagne est une terre où se plaisent les camélias, cousins du théier (Camellia Sinensis) !
Dans notre futur jardin de thé breton, en mai 2022 - © L’Autre Thé
D’où est venue l’idée de planter du thé en France ?
D’abord d’un vieux rêve : quand j’étais petit, je rêvais de devenir agriculteur. A mon enterrement de vie de garçon, mes amis m’avaient même organisé une immersion dans une ferme ! C’était parfait ! Cette envie de travailler la terre s’est confirmée lors de mes voyages chez les producteurs de thé, y compris mes confrères pionniers de la culture de thé en France. J’ai sillonné les pays de thé pendant plus de 18 ans, et j’ai eu envie de boucler la boucle, de me rapprocher du produit qui occupe mes journées depuis la création de L’Autre Thé.
Évidemment, même si on ne produira jamais 100 % du thé vendu dans nos boutiques en France (comme pour le vin, tous les terroirs ont un intérêt!), j’aimerais aussi développer un thé avec un meilleur bilan carbone que ceux que nous importons, et créer des emplois autour de ce beau produit. Quand on sait que la culture du thé, aussi minutieuse soit-elle avec ses récoltes manuelles, peut se révéler plus rentable à l’hectare que bien des cultures agricoles traditionnelles plus gourmandes en ressources, si ça se trouve, dans une quinzaine d’années, la France sera un pays de thé comme un autre !
Les jeunes plants sont âgés d’environ 2 ans - © L’Autre Thé
Tu as suivi une formation avant de te lancer ?
J’ai fait un stage chez un producteur de thé français en Bretagne, mais j’ai aussi beaucoup appris au contact des producteurs chez qui je me suis souvent rendu, comme Purna, à Darjeeling, et M. Menh au Vietnam. On a récolté et travaillé des thés ensemble, car l’agriculture n’est qu’une partie du travail : 50 % de la réussite d’un thé réside dans le savoir-faire après la récolte !
Où en est le projet et quelles sont les prochaines étapes ?
En mai dernier, on a planté 2000 théiers sur une surface de 3000m². A terme, je vise une surface plantée de 1 hectare (soit 8 à 10 000 théiers). Nous avons tout planté à la main, en famille, entre amis et avec l’aide de bénévoles (que je remercie à nouveau!). La sécheresse de l’été dernier nous a donné des sueurs froides, car, si le théier est une plante robuste, il est plutôt fragile dans ses premières années, le temps qu’il s’établisse et se racine correctement. On a dû arroser, alors que la plante adulte n’a pas besoin d’irrigation si elle est installée dans une terre et des conditions qui lui conviennent. Mais les pertes sont moindres que ce que nous craignons (ouf!).
Cet hiver, nous allons peaufiner le boisement des parcelles avec des essences locales, pour favoriser l’installation d’un écosystème bénéfique. L’expertise de l’ONG CCL, qui soutient des projets avec une dimension agroforestière au Laos, avec laquelle nous travaillons pour la production de thé, nous a inspirés. La diversité des espèces végétales dans une même parcelle permet une meilleure résistance des plantes en cas d’aléas climatiques et l’installation d’une faune variée (notamment des insectes). Si tout va bien, on devrait lancer une deuxième phase de plantation au printemps 2023, et installer un atelier de transformation sur place, avec des embauches.
Les premiers thés finis sont espérés pour 2024, mais il ne s’agira que de quelques dizaines de kilos.
La préservation de la biodiversité fait partie intégrante du projet - © L’Autre Thé
A plus long terme, j’aimerais créer autour de ce projet un lieu d’accueil dédié au thé ouvert au public, avec des visites, des ateliers, des conférences, des producteurs étrangers invités… Notre terrain se situe dans une propriété plus vaste gérée par un ami, qui va ouvrir dès l’été 2023 des hébergements touristiques éco-responsables… vous devriez bientôt pouvoir nous rendre visite sur place !
Le paillage, indispensable pour garder au maximum la fraîcheur et l'humidité au pied des jeunes théiers - © L'Autre Thé
Quel type de thés allez-vous produire ?
Pour l’instant, les premières récoltes seront expérimentales et en quantité très réduite: impossible de prédire à 100 % ce que l’on va obtenir. Nous avons planté quatre cultivars différents et allons tester différents assemblages et méthodes pour trouver les techniques les plus adaptées pour mettre en valeur différentes saveurs, et voir quelles variétés s’adaptent le mieux à notre terroir. Ensuite, nous produirons d’abord des thés nature noirs et verts méthode chinoise, travaillés comme des grands crus, avant d’aller vers des récoltes plus fines (thé blanc) et des recettes plus élaborées (oolongs, thés verts étuvés...). Et pourquoi pas développer des recettes qui mettront en valeur le terroir et les producteurs bretons : plantes locales, algues… Tout est possible.
Enfin toute notre production sera certifiée bio (les plants le sont déjà).
Si notre aventure bretonne vous intéresse, abonnez-vous à notre newsletter pour savoir comment le projet évolue, nous vous tiendrons au courant !
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Pour aller plus loin :
Histoires de thé, hors série « Le thé pousse en France ! », 2021
Association « Tea Grown in Europe » qui rassemble les producteurs de thé du continent
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