Au printemps 2022, Arnaud posait les bases d’un projet qui germait depuis un moment dans son esprit : et si L’Autre Thé faisait pousser son propre thé, à sa façon… en France ? Nos 2000 premiers théiers ont été plantés en mai dernier, mais pour...
thés biologiques & d'excellence
VIETNAM : fées et dragon
Avant de poursuivre mes chroniques nippones, je profite de l'actualité - deux de nos thés du Vietnam viennent d'être primés! - pour vous raconter ma rencontre avec ces thés somptueux et un terroir magique, dans les montagnes, tout au nord du pays du dragon.
En mai dernier, j’atterrissais à Hanoï, point de départ d’un périple à travers montagnes et forêts. Direction Hà Giang, dans la province du même nom, tout au nord-est du Vietnam : j’ai rendez-vous avec M. Menh, producteur de thés assez hors du commun, qui sera mon guide tout au long de ce voyage.
Un programme chargé nous attend : rencontre d’abord avec le peuple Zdao et leurs théiers sauvages, visite de l’atelier de M. Menh, participation à un beau projet avec les enfants d’une école de la région, puis enfin découverte d’une coopérative réunissant des petits producteurs de thé de qualité… J’ai énormément de choses à vous raconter, mais commençons par le commencement !
La forêt des Zdao
Depuis Hà Giang, petite capitale régionale, M. Menh me guide à travers la montagne jusqu’au territoire particulièrement difficile d’accès de l’ethnie Zdao, qui récolte des thés qui m’intéressent beaucoup et que M. Menh se charge de façonner. On doit rapidement abandonner le 4x4 pour la moto, d’ailleurs souvent complètement impuissante face aux sentiers caillouteux et escarpés qu’il nous faut emprunter. Mais la difficulté du voyage est proportionnelle à l’intérêt des découvertes qui m’attendent !
Dans le petit village d’Hồ Thầu, complètement loin de tout, je suis logé chez l’habitant, au milieu de rizières arpentées par les buffles et de paysages à la beauté sauvage. On se trouve à plus de 2000 mètres d’altitude et tout est vert à perte de vue : l’humidité est palpable dans l’air, la forêt est partout.
Accueil parfait et cuisine maison - Photo : A. Dhénin @L'Autre Thé
Ici, la nature s’impose d’elle-même et la vie humaine repose sur les bienfaits que la forêt procure (plantes médicinales, ressources alimentaires et économiques). En contrepartie de quoi elle est particulièrement respectée. La terre n’appartient à personne, et les Zdao sont l’une des composantes de la vie et de l’équilibre de la forêt. En contrepartie de ses richesses, ils prennent soin d’elle, replantent quand c’est nécessaire, entretiennent les arbres, et la protègent des convoitises.
La nature procure une infinité de ressources (et je suis ravi de participer et d'apprendre!) - Photo : @L'Autre Thé
D’incroyables théiers sauvages multicentenaires
C’est au sein de cette forêt ancestrale, véritable jungle, que poussent depuis des centaines d’années des théiers sauvages, espèce endémique naturellement présente au milieu des autres variétés d’arbres. On ne sait pas exactement de quel cultivar il s’agit. D’ailleurs l’emplacement précis des meilleurs théiers est gardé secret : il n’est répertorié nulle part, seuls les Zdao connaissent le chemin.
Je suis subjugué par ces théiers : jamais taillés, ils sont gigantesques, et vivent en symbiose avec la forêt primaire qui les entoure, parmi une diversité de plantes incroyable. Il s’en dégage une telle majesté, une telle sérénité, qu’ils imposent le respect.
Au cœur de la forêt- Photo :@L'Autre Thé
Aperçu de la taille gigantesque de ces théiers! - Photo :@L'Autre Thé
Pour en récolter les jeunes pousses, une seule solution : l’escalade ! C’est ce que font - pieds nus pour plus de précision - les membres de l’ethnie Zdao avec lesquels travaille M. Menh. Chacun lui apporte ensuite sa récolte, et lui se charge de toutes les étapes suivantes, du séchage à la vente. L’éthique est au cœur du projet : chacun est payé à la hauteur de son travail, et ces revenus sont nécessaires pour que les Zdao puissent continuer à préserver leur mode de vie et leur lien si profond avec la forêt.
Le courant est tout de suite passé entre M. Menh et moi : même engagement, même amour de la nature et même passion du thé. Son entreprise est un héritage familial, transmis par son père, et il a à cœur de perpétuer et de développer cette activité, même si les conditions sont difficiles face à la concurrence des grands groupes. Son approche et la qualité de son travail sont tout à fait en accord avec les valeurs de L’Autre Thé, et au fil des discussions, l’envie de consolider notre partenariat s’est confirmée, au travers de mille idées à développer ensemble : cofinancer de nouvelles machines, essayer de travailler des oolongs… J’ai hâte de pouvoir mener tout cela a bien, et d’ainsi pouvoir contribuer, moi aussi, à la préservation de ce mode de vie étroitement lié à son environnement naturel.
Avec M. Menh devant les théiers - Photo @L'Autre Thé
Mais revenons à nos thés - de cette collaboration et de ces belles rencontres sont nés plusieurs grands crus.
A terroir magique, thés d’exception
LES THÉS DES FÉES
Ce sont les locaux qui les appellent ainsi, car on dit que les théiers qui les produisent sont tellement bien cachés au cœur de la forêt que seules des fées sauraient les trouver. Les plus jeunes pousses sont soigneusement récoltées à la main : les feuilles produiront notre Thé noir des Fées, les bourgeons constituent notre Thé blanc des Fées. Pour travailler ainsi deux thés différents à partir d’une même récolte, tout se joue lors du séchage. M. Menh fait sécher les bourgeons délicatement dans des paniers disposés au soleil pendant une quinzaine d’heures, tandis que les feuilles pour le thé noir sont séchées en intérieur, de façon à pouvoir les malaxer régulièrement, ralentir le séchage et ainsi procéder à l’oxydation du thé. Les feuilles de thé noir sont ensuite longuement torréfiées. Le résultat sera ainsi totalement différent, et plus qu’intéressant : des théiers naturels, sauvages, centenaires, récoltés à la main et traités avec des méthodes traditionnelles et le plus grand soin – au final on obtient des thés véritablement uniques et d’une très grande qualité.
La récolte du jour est étendue en prévision du séchage - Photo :@L'Autre Thé
Panier pour le séchage du thé au soleil - Photo :@L'Autre Thé
Notre Thé noir des Fées vient d’ailleurs de recevoir la médaille de bronze du concours international AVPA « thés du monde » dans la catégorie « thés noirs assamica / taliensis ». Ses notes cacaotées et son fruité gourmand ont séduit le jury, de même que sa texture ronde et onctueuse.
LE THÉ BLANC "ÉCAILLE DE DRAGON"
La merveille des merveilles! L’altitude est un facteur clé de qualité pour le thé, qui doit puiser au plus profond de ses ressources et de celles de la terre pour supporter un climat exigeant, parfois rude. Il acquiert ainsi une personnalité bien particulière, indiscutablement différente d’un théier cultivé mieux protégé des éléments. Notre thé blanc Écaille de Dragon raconte tout cela, et bien plus encore : pour s’être si bien développés depuis plusieurs centaines d’années, les théiers sauvages ont trouvé un parfait équilibre avec l’environnement de la forêt. Cette alchimie entre la terre, la forêt et la plante sauvage elle-même confère au thé beaucoup de caractère et de subtilité, et son aspect est complètement lié à cela. La couleur pourpre des bourgeons vient d’un pigment naturellement présent dans la terre de la forêt, l’anthocyane. La forme de ceux-ci, associée à cette teinte si particulière, lui ont valu le surnom d’ "écaille de dragon", une évidence au Vietnam où cette créature mythique symbolise les forces de la nature, dans tout ce qu’elles ont d’imprévisible et de merveilleux.
La belle couleur pourpre naturelle des bourgeons et jeunes pousses- Photo @L'Autre Thé
En bouche, c’est une belle explosion de saveurs : le fruité de la pomme et du litchi rencontre des notes de rose et de cassis, sans aucune astringence. Son profil surprend et séduit : il vient d’obtenir la médaille d’or du concours international AVPA « Thés du monde » dans la catégorie « Thés blancs », et je suis vraiment ravi (et fier) que ce thé et le travail de M. Menh aient ainsi été reconnus à leur juste valeur par la profession !
Face aux théiers sauvages, je n’ai pas pu résister : mon âme d’enfant a rejoint ma passion d’adulte, et il a fallu que je les escalade à mon tour ! Voyez plutôt, je ne m’en sors pas si mal, non ?
J’espère sincèrement vous avoir donné l’envie de venir découvrir ces thés, qui ne ressemblent à aucun autre. Ils sont vraiment emblématiques de ce que j’essaie de faire avec L’Autre Thé : proposer des thés dans lesquels je crois, qui ont du sens et racontent une histoire, tout en soutenant les producteurs indépendants qui s’engagent pour préserver la nature.
Comme je vous le disais aussi en début d’article, ce voyage a été riche en rencontres et découvertes. Dans le prochain épisode, je veux vous parler d’un projet qui me tient particulièrement à cœur, auquel M. Menh et moi avons tous deux contribué ensemble, auprès des enfants d’une école primaire locale. Alors rendez-vous très vite pour la suite de mes aventures vietnamiennes !
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Retrouvez les autres épisodes de mon voyage au Vietnam :
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